

Cyclisme: Pogacar et UAE dominent d'une main de fer
Tadej Pogacar et son équipe UAE ont vampirisé pour la deuxième année de suite la saison cycliste qui s'est achevée dimanche avec plusieurs très belles promesses côté français.
Pogacar, seul dans son monde
A 27 ans, le Slovène a réussi l'impensable: faire encore mieux qu'en 2024. "Ma meilleure saison jusque-là", a-t-il tranché au soir de sa cinquième victoire d'affilée dans le Tour de Lombardie, un record, qui lui a permis de boucler l'exercice avec un quatrième Tour de France, trois Monuments supplémentaires et un deuxième titre de champion du monde. Surclassé, Jonas Vingegaard a dû se consoler en remportant le Tour d'Espagne boudé par le Slovène. Remco Evenepoel s'est rabattu sur les contre-la-montre où il règne en maître absolu. Seul Mathieu van der Poel a pu rivaliser au printemps en arrachant Milan-Sanremo et Paris-Roubaix à l'issue de batailles homériques. En 2026, Pogacar a annoncé qu'il ferait de ces deux dernières classiques sa priorité. Plus que jamais, il marche sur les traces d'Eddy Merckx.
Del Toro, l'héritier ?
Si Pogacar a tout écrasé, un de ses jeunes coéquipiers chez UAE a levé le doigt pour postuler un jour à sa succession. Vainqueur du Tour de l'Avenir en 2023, le Mexicain Isaac del Toro, 21 ans, a confirmé tout le bien qu'on pensait de lui. Seize victoires, deuxième du Tour d'Italie, cinquième du Tour de Lombardie, septième des Mondiaux, "Torito", dont le punch rappelle celui de son leader, a marqué les esprits. "Il a un grand avenir devant lui et un jour je vais devoir rouler pour lui", a applaudi Pogacar. L'émergence du Mexicain confirme que les jeunes sont prêts de plus en plus tôt.
Les belles promesses bleues
Attendu comme un futur grand, Paul Seixas, tout juste 19 ans, a éclaté en pleine lumière cet automne avec une 13e place aux Mondiaux, une médaille de bonze à l'Euro et sa septième place en Lombardie pour son premier Monument. Explosant tous les records de précocité, le grimpeur lyonnais a aussi pris la 8e place du Dauphiné et remporté le Tour de l'Avenir pour réveiller les espoirs de toute une nation sevrée de victoire dans la Grande boucle depuis Bernard Hinault en 1985. Plusieurs autres jeunes Français ont brillé en 2025, chacun dans leur registre. Le sprinteur et coureur de classiques, Paul Magnier, 21 ans, a pris date avec 19 victoires, deuxième meilleur total de l'année derrière Pogacar. Le puncheur Romain Grégoire, 22 ans, a confirmé ses belles promesses. Chez les purs grimpeurs, Lenny Martinez, 22 ans, vainqueur d'étape lors de Paris-Nice, du Tour de Romandie et du Dauphiné, ainsi que Valentin Paret-Peintre, 24 ans, lauréat de l'extraordinaire étape du Mont Ventoux lors du Tour, se sont illustrés.
UAE insatiable, les petits souffrent
Avec 95 victoires, la formation émiratie a pulvérisé le précédent record d'une même équipe sur une saison que détenait HTC-Columbia depuis 2009. Il y a Pogacar, Del Toro mais aussi Joao Almeida (10 victoires) et Juan Ayuso (8)... au total 20 coureurs sur 29 de cette constellation d'étoiles ont levé les bras. Le soutien de l'Etat émirati offre à l'équipe de Mauro Gianetti une puissance financière inégalée qui lui permet d'écraser le plateau, loin devant Soudal Quick-Step (54 victoires), Lidl-Trek (46) et Visma-Lease a bike (40). Derrière, les petites équipes en pâtissent et sont obligés de fusionner comme Lotto et Intermarché, dont le mariage est en cours, voire de fermer boutique comme Arkéa-B&B Hotels. La disparition, faute de repreneurs, de la formation bretonne souligne aussi la mauvaise passe du cyclisme français au niveau des équipes puisque Cofidis doit être relégué en deuxième division.
Pauline Ferrand-Prévot, le retour de la reine
Chez les femmes, la saison a été marquée par l'immense réussite du retour sur route de Pauline Ferrand-Prévot. Championne olympique de VTT à Paris en 2024, elle a d'abord décroché Paris-Roubaix, à la surprise générale, dix ans après son dernier succès sur route. Et la Rémoise de 33 ans a enchaîné en remportant dès son premier essai le Tour de France (plus deux étapes de montagne), alors qu'elle s'était donnée trois ans pour accomplir cet objectif. Sa victoire l'a propulsée dans une nouvelle dimension et contribue à faire grandir un cyclisme féminin qui devient de plus en plus compétitif. Les exploits de "PFP" ont en partie éclipsé la première saison chez FDJ-Suez de la star néerlandaise Demi Vollering qui a pourtant réalisé elle aussi une belle moisson - Tour d'Espagne, de Catalogne et du Pays basque, Championnats d'Europe, Strade Bianche et deuxième du Tour de France.
R.Saied--CdE