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Tour de France: Lipowitz, en plein dans le mille
Tour de France: Lipowitz, en plein dans le mille / Photo: Marco BERTORELLO - AFP

Tour de France: Lipowitz, en plein dans le mille

Venu du biathlon, Florian Lipowitz vise désormais le podium du Tour de France et réveille, malgré son caractère réservé, les passions allemandes pour le cyclisme.

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Troisième du classement général et maillot blanc de meilleur jeune à la sortie des Pyrénées, le coureur de Red Bull Bora confirme les promesses semées à Paris-Nice (2e) puis au Critérium du Dauphiné (3e), et impressionne jusqu'à Tadej Pogacar.

"Un bon gars, très cool. Et sur le vélo il est vraiment fort, avec une grosse marge de progression dans tous les domaines", souligne le maillot jaune après avoir croisé "Lipo" dans l'ascenseur de leur hôtel.

Comme Pogacar, le grand public découvre ce jeune homme discret de 24 ans, encore vert dans le vélo qu'il pratique sérieusement depuis six ans seulement.

Dans une première vie, il a été un biathlète prometteur à Ulm, dans le sud de l'Allemagne, comme son frère aîné Philipp, champion du monde juniors.

En 2015, la famille déménage même à Seefeld, dans le Tirol autrichien où il intègre une section de sport-études.

Mais une succession de blessures au genou l'oriente vers le vélo qu'il pratique aussi en famille. Encore ado, il traverse les Pyrénées et les Alpes pour des randonnées pracourant jusqu'à 900 km par semaine.

Sa vie bascule un jour de janvier 2020 lorsqu'il vient toquer à la porte de Ralph Denk, le patron de l'équipe Red Bull Bora. "Lipo" est en cuissard. Il vient de se taper 100 km à vélo pour venir partager son ambition de devenir cycliste professionnel.

- "200 km en plein hiver" -

"C'était impressionnant car il faisait vraiment froid. A la fin de notre entretien, je lui demande si ça mère vient le chercher. Il me répond: ben non, je rentre à vélo. Ça lui faisait 200 km aller-retour, en plein hiver", se rappelle Denk.

Après des tests concluants, Lipowitz intègre l'équipe continentale Tirol KTM, pépinière de Red Bull, où il fait ses armes avant de rejoindre les pros en 2023.

D'emblée, il impressionne son directeur sportif Rolf Aldag. "Un gros moteur, incroyablement puissant. Et incassable. Plus c'est dur, plus c'est long, mieux c'est pour lui", raconte l'Allemand au pied du bus de l'équipe dimanche à l'AFP.

"Je ne lui ai pas trouvé de défaut encore. Il est même très agile sur le vélo ce qui est rare pour quelqu'un venu aussi tard au cyclisme", abonde Ralph Denk.

Sur le Tour de France, Lipowitz franchit tous les obstacles avec brio: sixième du chrono très plat à Caen, dans le Top 5 des trois étapes pyrénéennes.

"Il est bluffant. On n'attendait rien de lui car il n'avait encore jamais couru à ce niveau. On ne savait pas comment ça allait se passer", note Aldag.

Sa forme est telle qu'il semble avoir piqué la place de leader à Primoz Roglic, 6e au général. Lundi, lors de la journée de repos, c'est l'Allemand qui répondra aux médias, et non le Slovène.

- "Un vrai Allemand quoi" -

"Pour l'instant il semble au-dessus mais on continue à viser le podium avec les deux. On est la seule équipe à avoir deux coureurs aussi bien placés au classement général, c'est notre force", nuance Aldag.

Lipowitz ne va pas taper du poing sur la table, pas le genre de la maison, et répète qu'il est là d'abord pour "apprendre" auprès de Roglic avec lequel il s'entend très bien. "On vient tous les deux des sports d'hiver, ça rapproche", dit-il.

"Il ne réclame rien, aucun passe-droit, assure Aldag. C'est quelqu'un de très calme, terre-à-terre, tout en retenue. Ça vient de son éducation."

"Oui il est timide, abonde Denk auprès de l'AFP, mais il sait faire passer les messages. Ce n'est pas une grande gueule mais un travailleur, un vrai Allemand quoi."

Au pays, l'enthousiasme est palpable. "Il fait un bien fou au cyclisme allemand", constate son compatriote Nils Politt, coéquipier de Pogacar.

Le dernier Allemand à être monté sur le podium du Tour est Andreas Klöden en 2006. Surtout, les années de plomb du dopage ont fait énormément de mal à la popularité du cyclisme au pays de Jan Ullrich, au point que les chaînes ARD et ZDF ont arrêté de retransmettre le Tour en direct entre 2012 et 2015.

"On essaye de le protéger au maximum, toute cette attention, c'est complètement nouveau pour lui, insiste Rolf Aldag. Mais si ça se termine bien à Paris, il pourra faire le tour de son village en cabriolet. Ça peut être sympa."

K.Ehab--CdE