

Japon: accord pour une coalition, Sanae Takaichi quasi-assurée d'être Première ministre
Le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir au Japon va signer lundi un accord de coalition, selon son nouveau partenaire, mettant fin à une crise politique aiguë et ouvrant la voie à ce que Sanae Takaichi devienne la première femme à gouverner le pays.
"Aujourd'hui, nous allons signer un accord pour lancer une coalition de gouvernement. A 18H00 (heure de Tokyo, 09H00 GMT) nous le conclurons formellement", a indiqué Hirofumi Yoshimura, co-dirigeant du Parti japonais pour l'innovation (JIP, ou Ishin), formation réformatrice de centre droit.
Ce parti d'opposition s'associerait donc au puissant Parti libéral-démocrate (droite conservatrice) au pouvoir, dans la tourmente depuis l'implosion de sa traditionnelle coalition avec son petit allié centriste Komeito.
Sanae Takaichi, 64 ans et aux positions ultra-nationalistes, semblait en bonne voie pour remplacer le Premier ministre sortant Shigeru Ishiba, lorsqu'elle a pris la tête du PLD le 4 octobre à l'issue d'un scrutin interne.
Mais le retrait de Komeito de la coalition gouvernementale le 10 octobre, après 26 ans de soutien, a plongé le Japon dans la crise politique, le PLD multipliant les discussions en vue de former une alliance alternative.
Un accord avec le Parti pour l'innovation placerait la coalition menée par Mme Takaichi à seulement deux sièges de la majorité absolue nécessaire pour être élue Première ministre lors d'un vote parlementaire prévu mardi. Elle serait assurée de l'emporter au deuxième tour, celui-ci à la majorité simple.
Cette annonce propulsait lundi la Bourse de Tokyo, qui a bondi de plus de 3% en cours d'échanges, propulsant l'indice Nikkei à son plus haut niveau historique, dépassant 49.000 points.
Les marchés avaient pâti la semaine dernière de la forte incertitude politique. Mais "les attentes de voir Takaichi former un gouvernement se sont accrues, et cela dope la Bourse, sur l'espoir de la voir entreprendre des politiques budgétaires pro-actives", observe Yutaka Miura, de Mizuho Securities, cité par Bloomberg.
- "Faire avancer le Japon" -
"Mme Takaichi et moi-même finaliserons les détails et œuvrerons à la formation du gouvernement de coalition", a déclaré M. Yoshimura à la presse.
"Après mûre réflexion hier soir, j'ai téléphoné à la présidente Takaichi ce matin (...) Je lui ai fait part de notre volonté de travailler ensemble pour faire avancer le Japon", a-t-il ajouté.
Selon la presse nippone, les hauts responsables des deux partis ont convenu vendredi que le PLD s'efforcerait de mettre en œuvre des propositions du JIP, parmi lesquelles celle de ramener à zéro le taux de la taxe à la consommation sur les denrées alimentaires, actuellement fixé à 10%.
Le PLD aurait également accepté la demande de M. Yoshimura de réduire le nombre de sièges au Parlement.
Il ne devrait pas y avoir de poste ministériel confié à un membre du JIP, mais Mme Takaichi devrait toutefois en sélectionner un parmi ses conseillers spéciaux, avait précisé ce week-end la chaîne TV Asahi.
Le PLD gouverne le Japon de manière quasi-ininterrompue depuis 1955, malgré de fréquents changements de dirigeants, mais il a vu son image ternie par un scandale financier --dont les répercussions ont poussé au retrait de Komeito.
"Nous avons inauguré une nouvelle ère pour le PLD", a cependant lancé Sanae Takaichi, juste après son élection à la tête du parti.
- Thatcher pour icône -
Le Premier ministre sortant, Shigeru Ishiba, avait pris les rênes du gouvernement en octobre 2024, mais sa coalition a depuis perdu sa majorité dans les deux chambres du Parlement, en partie à cause de la colère des électeurs face à l'inflation persistante et au scandale des "caisses noires" du PLD.
Ancienne batteuse dans un groupe de heavy metal à l'université, Sanae Takaichi considère l'ex-dirigeante britannique conservatrice Margaret Thatcher comme son modèle politique.
Au pouvoir, elle devra faire face aux défis posés par le vieillissement démographique, une dette colossale, les inquiétudes croissantes au sujet de l'immigration, une inflation tenace et une économie chancelante --qu'elle entend soutenir via des dépenses publiques accrues.
Le vote parlementaire de mardi se tient avant la visite prévue fin octobre du président américain Donald Trump dans l'archipel. Les modalités de l'accord commercial nippo-américain signé en juillet restent débattues et M. Trump accroît la pression sur Tokyo pour qu'il cesse d'importer de l'énergie russe.
L.Amro--CdE