Zelensky et Trump exposent des visions très éloignées avant leur rencontre
A quelques heures d'une rencontre cruciale, Donald Trump et Volodymyr Zelensky ont exposé lundi des visions très éloignées sur une possible issue au conflit en Ukraine, où la Russie a continué ses frappes meurtrières.
Assistera-t-on dans le Bureau ovale à une humiliation publique du président ukrainien comme lors de sa dernière visite le 28 février? Ou les deux hommes parviendront-ils à trouver un terrain d'entente, sous la pression des dirigeants européens qui se déplacent également à Washington?
Volodymyr Zelensky s'est réuni en matinée avec plusieurs d'entre eux et se rendra ensuite à la Maison Blanche, où il est attendu à 13h00 (17h00 GMT).
Il a redit lundi qu'il ne fallait pas que la Russie soit "récompensée" pour avoir envahi son pays en février 2022.
Mais il en a aussi appelé à l'autorité du président américain, très sensible à ce genre de langage, en écrivant sur X: "Seule la force peut contraindre la Russie à la paix, et le président Trump dispose de cette force".
Le président ukrainien a jugé que "le plus important" était d'évoquer de futures garanties de sécurité pour l'Ukraine.
- "Je sais exactement ce que je fais" -
Le président américain, qui n'a jamais désigné la Russie comme responsable du conflit, a lui écrit sur son réseau Truth Social que Volodymyr Zelensky "pouvait mettre fin à la guerre avec la Russie presque immédiatement s'il le voulait".
Piqué au vif par les critiques de ses opposants sur la rencontre vendredi avec Vladimir Poutine, lors de laquelle il n'a obtenu ni cessez-le-feu ni concessions publiques, Donald Trump a répliqué sur un ton rageur.
"Je sais exactement ce que je fais", a-t-il écrit lundi sur Truth Social.
Le milliardaire républicain, très vague sur ce qu'il attend de Moscou, a dit publiquement ce qu'il voulait de Kiev: renoncer à la Crimée occupée par la Russie depuis 2014 ainsi qu'à une adhésion à l'Otan.
Dans une démonstration de solidarité inédite, Volodymyr Zelensky sera rejoint dans la capitale américaine par le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président finlandais Alexander Stubb, le chef de l'Otan Mark Rutte et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Keir Starmer a appelé à établir les conditions d'une paix "durable et juste" tandis que Giorgia Meloni a salué "l'ouverture d'une petite fenêtre de dialogue".
Les dirigeants européens doivent se joindre au chef d'Etat ukrainien et à Donald Trump après leur rencontre bilatérale pour une réunion élargie.
- Costume -
Certains médias spéculent déjà sur la tenue de Volodymyr Zelensky, très critiqué dans le camp trumpiste la dernière fois pour avoir porté son habituelle tenue d’inspiration militaire plutôt qu'un costume.
Donald Trump n'a pas décroché comme il l'espérait un cessez-le-feu pendant sa rencontre en Alaska avec le président russe, et lundi les combats continuaient, avec des tirs de drones et de missiles.
Une frappe de drone russe a fait sept morts et des blessés à Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine, selon les autorités locales.
Deux personnes ont été tuées dans des frappes ukrainiennes dans les régions de Kherson et Donetsk, dont d'importantes parties sont sous contrôle des troupes russes, selon les autorités d'occupation.
La réunion à Washington doit permettre d'aborder de possibles concessions territoriales et des garanties de sécurité, pour mettre fin au conflit le plus sanglant en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
- "Abandonner sa patrie" -
Outre la question de la Crimée, un responsable au courant d'échanges téléphoniques samedi entre le président américain et des dirigeants européens a affirmé à l'AFP que Donald Trump soutenait une proposition russe selon laquelle Kiev céderait les régions de Donetsk et Lougansk (est), et le front serait gelé dans celles de Kherson et Zaporijjia (sud).
"Dois-je simplement tirer un trait sur toute ma vie là-bas? Comment peut-on abandonner sa patrie?", se désole Lioudmyla Bondareva, originaire de Bakhmout, opposée à la cession de sa région de Donetsk aujourd'hui rasée et occupée par les troupes de Moscou.
En rentrant d'Alaska, Donald Trump a évoqué la piste d'une clause de sécurité collective inspirée de l'article 5 de l'Otan, en dehors toutefois du cadre de l'Alliance atlantique, considérée par Moscou comme une menace existentielle.
Si "tout marche bien" lundi, le milliardaire républicain a laissé entrevoir un sommet tripartite avec MM. Poutine et Zelensky.
K.Ehab--CdE