Bronchiolite: avantage au Beyfortus face à son concurrent Abrysvo, selon une étude
Mauvaise nouvelle pour Pfizer: son vaccin anti-bronchiolite, Abrysvo, fait moins bien chez les bébés que son principal concurrent, le Beyfortus d'AstraZeneca et Sanofi, selon une étude, alors que nombre de pays hésitent sur le meilleur traitement à déployer.
Les deux traitements sont efficaces. Mais les bébés immunisés par Beyfortus ont 25% de risque en moins d'être hospitalisés par rapport à ceux ayant bénéficié d'Abrysvo, selon des travaux menés à partir de données sur des dizaines de milliers de nourrissons français et publiés dans le Jama, l'une des principales revues médicales.
L'enjeu est de taille, sur le plan sanitaire comme économique.
La bronchiolite touche chaque année de nombreux bébés dans le monde, le plus souvent causée par le virus respiratoire syncytial (VRS). Si elle est généralement sans gravité, elle en envoie certains à l'hôpital.
Or, des traitements efficaces sont récemment apparus pour protéger contre les infections aux VRS, marquant l'une des grandes innovations médicales des dernières années. Chez les bébés, deux sont en concurrence directe: l'Abrysvo, de l'américain Pfizer, et le Beyfortus, développé par le britannique AstraZeneca et le français Sanofi.
Leur objectif est identique - empêcher les infections au VRS chez les tout petits ou limiter son ampleur - mais leur principe diffère.
Abrysvo est un vaccin donné vers la fin de la grossesse pour que l'immunité de la mère soit transmise au bébé dès la naissance. Beyfortus s'administre, lui, au bébé à qui il fournit directement les anticorps nécessaires: il ne s'agit donc pas d'un vaccin, qui conduit l'organisme à fabriquer lui-même son immunité.
Ces deux traitements ont déjà bien démontré leur efficacité et leur sécurité, chacun de leur côté, que ce soit à la suite d'essais cliniques ou de données en vie réelle. Mais ils n'avaient jamais été comparés.
- Beyfortus reste coûteux -
Selon les pays, les autorités sanitaires ont fait différents choix. Certains, comme l'Argentine ou le Royaume-Uni, ont organisé leurs campagnes d'immunisation autour de l'Abrysvo, d'autres, comme l'Allemagne et l'Espagne, ont privilégié le Beyfortus.
Un troisième groupe n'a pas choisi. C'est le cas de la France où, l'hiver dernier comme cette saison, Abrysvo et Beyfortus ont largement été proposés, dans les maternités puis, pour le second, aux jeunes bébés. Cela a offert aux chercheurs la possibilité de comparer frontalement les deux médicaments.
L'étude, menée par le groupement Epi-Phare associant l'agence française du médicament (ANSM) et l'Assurance maladie, conclut donc à une efficacité supérieure du Beyfortus.
Non seulement celui-ci fait mieux pour éviter les hospitalisations mais la différence est encore plus marquée pour les issues les plus sévères, mesurées par le nombre de passages en soins intensifs.
Les chercheurs prennent pour autant soin de rappeler qu'Abrysvo fonctionne déjà très bien et qu'une mère l'ayant reçu ne doit pas s'affoler devant un supposé manque d'efficacité.
"Si une mère a déjà reçu le vaccin Abrysvo pendant sa grossesse, il n'y a aucune raison de donner Beyfortus à son bébé: le vaccin le protège bien", souligne auprès de l'AFP l'épidémiologiste Mahmoud Zureik, qui a supervisé l'étude.
Mais ces données pourraient fournir un argument solide aux autorités sanitaires pour privilégier Beyfortus dont, à l'échelle collective, le déploiement réduirait significativement le nombre d'hospitalisations.
L'Abrysvo dispose toutefois encore d'arguments en sa faveur, à commencer par son prix. A plus de 400 euros, Beyfortus est deux fois plus cher. En France, il n'est pas intégralement remboursé, une situation regrettée par nombre de pédiatres, qui affirment que beaucoup de familles y renoncent pour cette raison.
Les deux traitements pourraient garder un rôle complémentaire, d'autant que l'efficacité n'est pas la seule considération: ainsi, la réticence de certains parents à multiplier les vaccinations chez leur bébés pour qui les premiers mois ont déjà un calendrier chargé en la matière.
"Abrysvo offre une alternative aux mères qui préfèrent se faire vacciner plutôt que leurs enfants soient piqués", avance M. Zureik. Il note aussi que sans le vaccin de Pfizer, il faudrait donner du Beyfortus à un plus grand nombre de bébés, ce qui alourdirait la charge des maternités.
N.Kamal--CdE